(Crédit photo: healthymind.fr)
Par JULIE VIEIRA/ Créatrice de moments
Avec la multitude d’avancées technologiques que l’on remarque dans les dernières années et ce, peu importe le domaine, il va de soi que l’univers de la fin de vie et du deuil connaît aussi une certaine évolution; une mouvance, si on veut. En effet, ce milieu qui a longtemps été presque monopolisé par le corps médical, religieux ou corporatif, se redéfinit entre autres par une importante prise en charge par les particuliers, les familles, et les mourants eux-mêmes. On observe aussi plusieurs autres domaines s’y glisser afin d’optimiser la reprise du pouvoir de l’humain sur sa propre fin de vie.
En tant que geek de profession depuis mes débuts sur le marché du travail (où j’ai accumulé plusieurs années dans le domaine du jeu vidéo, de 2007 à aujourd’hui!) et bête de curiosité, je m’intéresse surtout aux outils et pistes que la technologie ludique de l’informatique et de l’électronique peuvent amener, autant aux gens en fin de parcours qu’à leurs proches. Ces gens qui atterrissent de l’autre côté de la tempête souvent bien amochés, qui doivent réapprendre à vivre sans cette personne dans leur orbite.
Que ce soit de par leur fonctionnalité, l’expérience sensorielle qu’ils prodiguent ou le fil narratif et les personnages qui viennent captiver l’usager et l’amènent à se voir, à se projeter dans l’histoire et le vécu du personnage, les outils médias tels que la réalité virtuelle ou les jeux vidéo peuvent s’avérer de précieux alliés quand vient le temps de naviguer sur les eaux troubles de sa propre fin ou de la récente perte d’un proche.
LA RÉALITÉ VIRTUELLE AU SERVICE DES SOINS PALLIATIFS
Dans plusieurs pays comme la France et le Japon, l’utilisation des casques de réalité virtuelle dans les établissements de soins démontre de réels bénéfices quantifiables auprès de la clientèle en fin de vie. Les données médicales récoltées auprès des patients qui en ont profité lors de leur passage en unité de soins palliatifs indiquent que l’utilisation de ce qu’on appelle communément le VR (pour Virtual Reality) peut amener une réduction de la douleur et des symptômes d’anxiété de par la sécrétion d’endorphine, qui fait partie des neurotransmetteurs du plaisir. Ses effets les plus connus sont qu’elle réduit l’anxiété, diminue la douleur physique et empêche de ressentir la fatigue.
En effet, la réalité virtuelle menant à une immersion visuelle et auditive dans un univers choisi et contrôlé ferait en sorte que les patients en fin de vie puissent plus facilement rediriger leur attention sur des stimuli plaisants (par exemple: un coucher de soleil sur la plage, une descente en ski, un feu d’artifice, une promenade en forêt dans un endroit significatif, etc.), ce qui mènerait à un apaisement quasi instantané permettant l’administration rapide et fluide de soins qui pourraient être, en temps normal, douloureux et anxiogènes sans l’aide de distraction.
De plus, à cause des limitations physiques, que ce soit la douleur en tant que telle ou la mobilité réduite (voire disparue dans un cas d’alitement par exemple), l’utilisation de casques de réalité virtuelle permet des voyages immersifs n’importe où dans le monde, ou même la pratique de n’importe quelle activité qui serait rendue impossible selon l’état de santé général de la personne. Un dernier voyage vers la tour Eiffel, ou un dernier voyage de pêche au Baskatong? Quand le déplacement est devenu difficile, même impossible, ou que la contrainte de temps se fait sentir, la réalité virtuelle peut devenir une alliée précieuse pour fournir ce qu’on appelle en anglais : the next best thing (un peu comme le meilleur des prix de consolation).
Et pour un précieux instant, notre proche se souvient qu’avant d’être un mourant, il est avant tout un vivant.
LA MINCE LIGNE…
Comme dans tout, la technologie doit être utilisée intelligemment et avec parcimonie. Il ne s’agit pas d’un traitement miracle ou d’une béquille passe-partout, mais d’une avenue, d’un outil à considérer ou d’une piste à explorer.
Que ce soit avec la réalité virtuelle, ou plus récemment avec l’intelligence artificielle (communément appelée IA ou AI), il y a toujours l’éthique, la corde raide qui tient parfois de peine et de misère l’équilibre entre ce qui est BEAU et ce qui est BON. Et souvent, si on pense que c’est trop beau pour être vrai… bien c’est que ce l’est. La prudence est toujours de mise, car la réalité, c’est que la meilleure INTENTION est rarement la meilleure INTERVENTION; il faut proposer à la personne en difficulté ce dont elle a BESOIN, pas nécessairement ce qu’elle voudrait. Une fois que ce modus operandi est acquis, il va sans dire que la technologie devient une précieuse alliée inespérée dans l’accompagnement de la personne, en fin de vie ou non.